12 – Impacts du bruit sur la santé

William H. Stewart, Ancien chirurgien général des États-Unis, 1978

«Appeler le bruit une nuisance, c’est comme appeler le smog un inconvénient. Le bruit doit être considéré comme un danger pour la santé des gens partout dans le monde. »

Les principaux impacts documentés du bruit sur la santé sont: la perte auditive (acouphènes), les troubles du sommeil, l’exécution des tâches cognitives, et il peut provoquer des effets cardiovasculaires et métaboliques aigus.

Cette page présente des études approfondies reliant le bruit et la santé.

Sommaire

  • L’étude de l’OMS de 1999 est possiblement le sommaire le plus complet des impacts du bruit le long des autoroutes sur la santé des riverains.
  • En 2006, le DSPQ reprend plusieurs des conclusions essentielles de l’OMS
  • En 2011, l’OMS synthétise plusieurs études scientifiques au sujet du bruit environnemental et du lien entre le bruit des autoroutes et des trains et les maladies.
  • En 2013, dans le cadre de la poursuite des citoyens de Charlebourg contre le MTQ et la ville de Québec, le Dr Laroche présente une revue de littérature sur la relation bruit-santé et qualité de vie et elle conclut : « Il ne fait plus aucun doute que le bruit a des effets sur la qualité de vie et sur la santé des gens. »
  • En 2018, l’OMS résume l’état des recherches scientifiques sur l’impact du bruit et recommande des lignes directrices pour protéger la santé humaine de l’exposition au bruit ambiant provenant entres autre des transports
  • En 2018, l’OMS produit une revue des études scientifiques récentes reliant les maladies cardiovasculaires et métaboliques avec le bruit environnemental
  • En 2019, le DSPQ a donné une conférence à Beaconsfield. Cette conférence reprend les fait connus (lien entre le bruit, l’air pollué et la santé des résidents le long des corridors pollués) et ajoute des mesures de la pollution sonore spécifiques prises par le DSPQ à Montréal et à Beaconsfield ces dernières années
  • En 2019, le Ministère de la Santé du Québec a organisé, les « Journées du bruit environnemental » réunissant plusieurs Ministères et Municipalités.

La pollution sonore de l’environnement, une forme de pollution atmosphérique, est une menace pour la santé et le bien-être, en particulier le long des autoroutes et des voies ferrées.

Les effets potentiels de la pollution sonore sur la santé sont nombreux, omniprésents, persistants et importants sur le plan médical et social. Le bruit produit des effets négatifs directs et cumulatifs qui nuisent à la santé et dégradent les environnements résidentiels, sociaux, de travail et d’apprentissage avec des pertes réelles (économiques) et intangibles (bien-être) correspondantes. Il interfère avec le sommeil, la concentration, la communication et les loisirs.

L’objectif des contrôles gouvernementaux éclairés devrait être de protéger les citoyens contre les effets néfastes de la pollution atmosphérique, y compris ceux produits par le bruit. Les gens ont le droit de choisir la nature de leur environnement acoustique; il ne devrait pas être imposé par d’autres.

Le bruit continuera également de croître en raison de la croissance soutenue du trafic routier, ferroviaire et aérien, qui restent des sources majeures de bruit environnemental.

OMS Orientations – bruit (1999)

Orientation relatives au bruit dans l’environnement (1999)

Ce document scientifique de l’organisation mondiale de la santé (OMS) est un sommaire exécutif du rapport très complet sur les effets du bruit la santé et particulièrement le long des autoroutes.

CITATIONS PERTINENTES

On y parle de plusieurs effets du bruit, mais, en particulier, de :

« Le déficit auditif est défini comme l’augmentation du seuil de l’audition. Des déficits d’audition peuvent être accompagnés de l’acouphène (qui sonnent dans les oreilles). (…)

La compréhension de la parole est compromise par le bruit. (…)

La perturbation du sommeil est une conséquence importante du bruit dans l’environnement. Le bruit environnemental peut causer des effets primaires pendant le sommeil, et des effets secondaires qui peuvent être constatés le jour, après exposition au bruit dans la nuit. Le sommeil non interrompu est un préalable au bon fonctionnement physiologique et mental, et les effets primaires de la perturbation du sommeil sont: la difficulté de l’endormissement; les réveils et les changements de phase ou de profondeur de sommeil; la tension artérielle, la fréquence cardiaque et l’augmentation de l’impulsion dans les doigts; la vasoconstriction; les changements de respiration; l’arythmie cardiaque; et les mouvements accrus de corps.(…)

Maladie Mentale. Le bruit dans l’environnement n’est pas censé avoir une incidence directe sur les maladies mentales, mais on suppose qu’il peut accélérer et intensifier le développement de troubles mentaux latents. (…)

Niveau de performance. Il a été montré, principalement pour les travailleurs et les enfants, que le bruit peut compromettre l’exécution de tâches cognitives. Bien que l’éveil dû au bruit puisse produire une meilleure exécution de tâches simples à court terme, les performances diminuent sensiblement pour des tâches plus complexes. La lecture, l’attention, la résolution de problèmes et la mémorisation sont parmi les effets cognitifs les plus fortement affectés par le bruit. » P.3-7

« Cependant où il y a des bruits distincts, comme le bruit d’avion ou le bruit de train, les mesures de différents événements comme le niveau de bruit maximum (LAmax), ou le niveau d’exposition sonore pesé (SEL), devrait également être obtenu en plus de LAeq T. » P.2

« Pour la mise en œuvre des directives, il est recommandé que :

Les gouvernements assument la protection de la population contre le bruit de la collectivité, et la considère comme partie intégrante de leur politique de protection de l’environnement.

Les gouvernements envisagent la mise en œuvre de plans d’action avec des objectifs à court terme, à moyen terme et à long terme, pour réduire des niveaux de bruit.

Les gouvernements adoptent les valeurs des Directives de santé pour le bruit dans les collectivités comme objectifs à long terme

Les gouvernements incluent le bruit comme un élément de santé publique important dans les études d’impact sur l’environnement. (…) P.18
OMS

DSPQ – Le transport urbain, une question de santé (2006)

DSPQ Rapport annuel 2006 – Chapitre 2

Ce lien inclus tout le chapitre 2 du rapport annuel de la Direction de la Santé Publique du Québec (DSPQ) portant sur le transport. Il résume surtout les effets de la pollution de l’air,pour le bruit, il se réfère plutôt à l’étude de l’OMS de 1999 (ci-haut).

CITATION PERTINENTES :

« La pollution sonore est un autre type de pollution due au transport, qui a aussi un impact sur la santé des personnes vivant à proximité des voies de circulation » P.23

« Le principal effet du bruit environnemental est la perturbation du sommeil, or le sommeil ininterrompu est considéré essentiel au bon fonctionnement physiologique et mental. (…) se manifeste non seulement par de la difficulté à s’endormir, des réveils fréquents et des changements de phase et de profondeur du sommeil, mais on constate en outre certains changements cardiovasculaires (ex. : tension artérielle et fréquence cardiaque plus élevées). » P.24

(…) « Enfin, sur le plan cognitif, le bruit environnemental peut aussi nuire à la compréhension de la parole et à l’exécution des tâches complexes (ex. : la lecture, l’attention, la résolution des problèmes et la mémorisation), et c’est pourquoi l’OMS recommande de ne pas installer de garderies ni d’écoles à proximité d’autoroutes ou d’autres sources de bruit perturbateur. » P.24
DSPQ

OMS – Synthèse des études du bruit (2011)

Burden of disease from environmental noise

Ce rapport scientifique est une synthèse de plusieurs études scientifiques au sujet du bruit environnemental et du lien entre le bruit et les maladies. Les nombreux impacts sur la santé causés par le bruit des autoroutes et des trains y sont particulièrement illustrés.

Chaque chapitre couvre et résume les plus récentes études du lien entre le bruit et les maladies : les maladies cardiovasculaires, le déficit cognitif chez les enfants, les troubles du sommeil, l’acouphène, et différents type de gêne.

CITATIONS PERTINENTES :

« There is sufficient evidence from large-scale epidemiological studies linking the population’s exposure to environmental noise with adverse health effects. Therefore, environmental noise should be considered not only as a cause of nuisance but also a concern for public health and environmental health. » P.18

« noise-induced annoyance may be considered an adverse effect on health. People annoyed by noise may experience a variety of negative responses, such as anger, disappointment, dissatisfaction, withdrawal, helplessness, depression, anxiety, distraction, agitation or exhaustion. Furthermore, stress-related psychosocial symptoms such as tiredness, stomach discomfort and stress have been found to be associated with noise exposure as well as noise annoyance » P.110

« Compared to other effects of environmental noise and also compared to effects of environmental factors in general, there are relatively many data directly obtained from exposed humans in the field from which exposure–response relationships for noise annoyance could be derived. It appears that, with the increasing effort on noise mapping, more and better noise exposure data will become available so that, by combining them with the relationships, the prevalence of annoyance can be estimated. » P.116
OMS

WHO (2011) Severity of Health effects of noise and number of people affected

Impact du bruit à Québec (2013)

Impacts du bruit sur la qualité de vie et la santé des citoyens habitant aux abords de l’auroroute 73 à Québec

Ce rapport scientifique fut préparé par le professeur Chantal Laroche Ph.D., professeur en orthophonie et audiologie à la Faculté des Sciences de la Santé de l’Université d’Ottawa. Il fait partie des documents utilisés lors de la poursuite des résidents de Charlebourg contre le MTQ et la ville de Québec.

Il contient une revue de littérature sur la relation bruit-santé et qualité de vie.

CITATIONS PERTINENTES :

« Il ne fait plus aucun doute que le bruit a des effets sur la qualité de vie et sur la santé des gens. Tous les documents qui portent sur la problématique du bruit le soulignent (voir liste de références) Socialiser avec des amis ou les voisins est plus difficile quand il y a du bruit. Toutes les communications, si minimes soient-elles, peuvent être perturbées par le bruit (…). Le sommeil et le repos sont aussi largement affectés par le bruit (…) Voir P. 7-25, 69
Professeur Chantal Laroche Ph.D.

OMS – Sommaire des études du bruit (2018)

Environmental Noise Guidelines for European Region

Ce rapport résume l’état des recherches scientifiques sur l’impact du bruit. Il recommande des lignes directrices pour protéger la santé humaine de l’exposition au bruit ambiant provenant de diverses sources: bruit des transports (trafic routier, ferroviaire et aérien), bruit des éoliennes et bruit des loisirs.

CITATION PERTINENTES :

« Road traffic noise recommendations:

For average noise exposure, the GDG strongly recommends reducing noise levels produced by road traffic below 53 dB Lden, as road traffic noise above this level is associated with adverse health effects.

For night noise exposure, the GDG strongly recommends reducing noise levels produced by road traffic during night time below 45 dB Lnight, as road traffic noise above this level is associated with adverse effects on sleep.

To reduce health effects, the GDG strongly recommends that policy-makers implement suitable measures to reduce noise exposure from road traffic in the population exposed to levels above the guideline values for average and night noise exposure. For specific interventions, the GDG recommends reducing noise both at the source and on the route between the source and the affected population by changes in infrastructure. » P.50
OMS

OMS – Lien bruit-cardiovasculaire (2018)

Biological mechanisms related to cardiovascular and metabolic effects by environmental noise

Cette étude regroupe les résultats de plusieurs études scientifiques récentes reliant les maladies cardiovasculaires et métaboliques avec le bruit environnemental.

CITATION PERTINENTE :

« Le bruit ambiant peut induire des effets cardiovasculaires et métaboliques aigus à la fois directement, par des connexions sous-corticales, et indirectement par des projections via le cortex auditif. Les principaux effets incluent la sécrétion d’hormones de stress et une élévation de la pression artérielle causée par la vasoconstriction. Ces effets se produisent même pendant le sommeil. » P.5
OMS

DSPQ – Pollution : bruit et air vs la 20 (2019)

DSPQ – Présentation mai 2019

Présentation donnée par deux experts scientifiques du département de santé publique du Québec lors de la conférence d’information du 18 mai 2019 organisée par l’ICPB.

Cette conférence reprend les fait connus (lien entre le bruit, l’air pollué et la santé des résidents le long des corridors pollués) et ajoute des mesures spécifiques prises par le DSPQ à Beaconsfield ces dernières années.

Journées du bruit environnemental (2019)

Les 12 et 13 novembre 2019, le ministère de la santé organisait la première édition de cet événement de deux jours, en collaboration avec plusieurs autres ministères dont ceux des transports et de l’environnement. Ce fut un grand succès! Environ 245 participants s’y sont inscrit incluant le DG de la ville de Beaconsfield.

L’événement était destiné au milieu municipal, aux représentants de groupes de citoyens et d’organismes à but non lucratif, au milieu universitaire et aux intervenants du réseau de la santé et des services sociaux et du milieu communautaire ainsi qu’aux différents ministères et organismes intéressés et concernés par cet enjeu.

Nous avons ainsi entendu des conférences sur plusieurs dimensions importantes de ce fléau et nous avons surtout rencontré plusieurs acteurs importants dans ce domaine au Québec dans des ministères, des centres de recherche, des villes et organismes dédiés.